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La Fête de la Virgen de la Candelaria à Puno : un carnaval de couleurs et de traditions aymara et quechuas

  • Photo du rédacteur: Blogoculaire
    Blogoculaire
  • 9 févr.
  • 8 min de lecture

J'ai eu la chance d'assister à cette incroyable fête les 1 et 2 février 2025, et j'avoue que j'ai tellement été émerveillée que j'en écris un post, avec bien sûr, pour commencer, une sélection de photos et vidéos à l'appui (oui, il y en a déjà beaucoup dans cette sélection, mais il n'y en a pourtant qu'une petite partie des 500 photos que j'ai prises en 2 jours tant le spectacle était sublime)


Voici une sélection des photos du défilé "autoctono" :



Et une sélection de vidéos :

Lllameritas de Canteria








Et maintenant, quelques explications!

La Fête de la Virgen de la Candelaria, qu'est-ce que c'est?


Littéralement Fête de la Vierge de la Chandeleur en français, cette fête a lieu chaque année au mois de février à Puno (ville du Sud du Pérou, au bord du lac Titicaca) depuis de nombreuses décennies voire siècles ! C’est une fête traditionnelle mêlant religion et traditions, bel exemple de syncrétisme entre la culture et le savoir faire quechua et aymara ancestraux et la colonisation espagnole, avec la religion catholique qui allait avec.


Cette fête a été déclarée Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité par l’Unesco en 2014 et Patrimoine Culturel de la Nation en 2003. Elle est considérée comme la + importante fête du Pérou, ses participants étant principalement d’origine quechua, aymara et métisse et mêle religion (procession, messes...) mais aussi défilés de costumes (avec moultes accessoires) aux couleurs châtoyantes, danse et musique, spectacles de rue, feux d'artifice etc!


C'est une fête en l'honneur de la Vierge de la Candelaria, connue sous le petit nom de Mamacha Candelaria, apportée par les Espagnols à la fin du 16ème siècle et devenue la patronne de la ville de Puno depuis la fin du 18ème siècle.


Pourquoi ça m'a tant plu?

Au-delà de l’aspect religieux, avec messe et processions dans les rues de la ville, ce qui m’a marquée et particulièrement plu, ce sont les défilés folkloriques ancestraux auxquels j’ai pu assister les 1er et 2 février, à la fois grâce au spectacle en tant que tel, avec de sublimes costumes faits mains aux couleurs chatoyantes, plein de surprises, mais aussi grâce au public et à l'ambiance qui règne dans la ville et dans le public.


C'est en effet une fête ultra populaire et extrêmement "bon enfant" : aussi bien les cholitas que les gens de la ville + aisés, aussi bien les bébés et jeunes enfants que les personnes âgées, tout le monde assiste au défilé, dans un joyeux bordel si caractéristique de l’Amérique Latine, à base de vendeurs ambulants incessants en tous genres, d’enfants jouant à s'envoyer de la mousse pendant les défilés et de plein d’autres surprises. Pour même pas 4 euros (15 soles) en effet, on peut "louer" une chaise en plastique sur l'avenue Bolivar pour profiter du spectacle, et ça vaut vraiment le coup!


Quelques photos de l'ambiance dans le public :



 

Les costumes étaient vraiment magnifiques, issus clairement d'un savoir faire méga ancestral, aux couleurs chatoyantes, aux matières naturelles (laines de différents animaux comme 'alpaca, chèvre, lapin, coton, peaux de bête portés sous forme de masques têtes de lama ou puma "réels', et même - clou du spectacle : des chats sauvages andins (gato montes) morts empaillés / désechés portés sur la tête ou autour du cou. ) et avec moultes symboliques et histoire ancestrale : chaque couleur, mouvement, nombre d'épaisseurs de jupe, etc est susceptible d'avoir une signification particulière!


En terme de musique, c'était assez simpliste, et bien dans l'image d'Epinal qu'on a du Pérou, avec beaucoup de flûtes de pan ou de flutes en bambou, et des tambours. Avec parfois des chants traditionnels aux voix toujours surprenantes, souvent haut perchées.


Quelques exemples des danses autochtones présentées et leur signification

Malgré moultes recherches sur Internet, pas évident de trouver des explications sur le sens et l'origine des différents ensembles que j'ai vu défiler.

J'ai quand même trouvé les infos suivantes, sur quelques danses et défilés autoctonos auxquels nous avons assisté :

-        Les llameritas de Canteria : danses pré-incas des bergers / éleveurs de lamas initialement de Canteria, un village de la région, honorant les dieux protégeant leurs troupeaux. Avec souvent une tête de puma déséchée portée par les danseurs, symbolisant la bonne augure pour le troupeau. Danse déclarée Patrimoine Culturel de l’UNESCO depuis janvier 2024

-        Les pinkilladas : dansée par des personnes de tous âges, sur la musique du Pinkillo (flûte en bambou des Andes), elle honore le carnaval ancestral, et honore notamment les fruits issus de l’agriculture. Parmi les mouvements de cette danse, le cercle représentant l’hommage à l’ancien carnaval et les files / rangs symbolisent la ferme

-        Carnaval de Ichu : cette danse joyeuse et enthousiaste, elle symbolise la romance et la naissance. Le carnaval correspond à l’époque de floraison de nombreuses fleurs cultivées par les habitants d’Ichu comme les roses, lilas, dahlia, qui donnent leurs belles couleurs vives aux costumes qui sont portés (les différentes épaisseurs des jupes, les pompons), avec un mouvement wichi-wichi

-        Ayarachis de Paratia : danse ancestrale en l’honneur des sacrifices d’alpacas (un des cousins du lama, au cas où ça vous parlerait pas), soit pour en faire de la viande sèche, soit pour un sacrifice religieux. C'est une danse solennelle et associée à la mort. Souvent, les hommes portent des costumes sombres avec des plumes sur la tête (d’autruches) et la musique les accompagnant est assez lugubre, à base de flute de pan (sikuri) et de tambour (huancar)

 

J'ai aussi vu d'autres groupes en mode gaucho / chasseurs / cow boy avec lasso, pistolet et jambière de cowboys, ou des diablitos assez provoc' et taquins, doht je n'ai malheureusement pas trouvé la signification...


Une fête "extrême" pour ceux qui défilent


On a été assez marquées par le fait que les personnes qui défilaient étaient rarement souriants.

La signification et symbolique assez lugubre de certaines danses est une piste d'explication.

La concentration des personnes qui défilent et la foule qui les observe en est une autre.

Et la fatigue / chaleur encore une...


Le climat extrême de la région à cette période encore une : il fait souvent soit extrêmement chaud, avec un soleil très agressif, soit il peut pleuvoir de manière torrentielle comme on a eu à la fin du défilé, ambiance fin du monde. Comme les costumes sont souvent constituées de très nombreuses épaisseurs (les jupes ont souvent 10 épaisseurs, chacune d'une couleur différente d'ailleurs!) et faits à base de matières qui tiennent vraiment é chauds, cela peut vite devenir super dur pour les personnes qui défilent...sans compter que certains défilaient carrément pied nu!


Pour tenir, on les voyait donc tout du long boire différents breuvages, apportés par des amis ou de la famille pendant qu'iis défilaient, allant de l'eau à de la bière à des choses beaucoup + fortes pour les + motivés - souvent des groupes d'hommes, qui se faisaient assez vite identifier par l'odeur de viande saoule!


Et en tout cas, chapeau, car à la fin de chaque "ensemble' qui défilait, il y avait systématiquement plusieurs personnes chargées de ramasser les déchets laissés par leur groupe!! Souvent des femmes (cholitas souvent), mais parfois des hommes, le pays de modernise :)



Les décorations des rues en amont de la procession


Ce qui m’a beaucoup touché aussi, ce sont les préparatifs dans les rues des processions, juste avant le passage de la Vierge, le 02 février midi et après-midi, avec de magnifiques « tableaux » faits de fleurs fraîches au sol, ou parfois de sciures colorées, de chaque « conjunto », auxquels assistent toutes les générations et classes sociales en toute bonne humeur.


Très joyeux, convivial, tout le monde s’y met pour que le tableau soit le + beau possible pour honorer la vierge. Pas vu la procession en tant que telle à cause de la pluie et de la mini tempête qui s’est abattue, mais super sympa d’avoir vu les préparatifs.


De très nombreuses cholitas vendent leurs fleurs aux passants, qui achètent des bouquets pour la procession.


Sur la Plaza de Armas, un collectif en a profité pour sensibiliser les gens à un phénomène d’actualité en Bolivie, comme malheureusement partout dans le Monde : la disparition de nombreuses jeunes filles, en imprimant les avis d’alerte de ces femmes disparues en 2024.


Sans compter le superbe spectacle de feux d’artifices & feux de bengale organisé sur la Plaza de Armas le premier soir, pour lancer officiellement le carnaval.


Quelques photos des préparatifs des "tableaux" de rue, et du feu d'artifice :



Quelques chiffres

(bon, d'une source à l'autre j'ai jamais trouvé les mêmes mais on va dire "à peu près') :

  • 170 ensembles (ou conjuntos)

  • 40 000 danseurs

  • 10 000 musiciens

  • 35 000 artisans (fabricant les costumes, masques, broderies etc des personnes qui défilent)

De toute la région participeraient à cette magnifique fête chaque année


Calendrier

Elle se déroule selon un calendrier bien précis dont voici les principales dates-clé ( a priori tous les ans idem) , avec en fait un carnaval en 2 temps : le 1er temps pour les défilés ruraux / ancestraux / traditionnels et le 2ème pour des défilés + urbains / modernes / métisses, et en fil rouge la dimension religieuse.


Bien que tous les locaux nous aient laissé entendre que le clou du spectacle était la semaine suivante, avec la 2ème partie du Carnaval, les Trajes de Luz, c’est-à-dire les défilés plutôt urbains des habitants de la ville de Puno avec des costumes + modernes et avec également en fond musical de vraies « bandas », c'est à dire des groupes de musiques / fanfare + étoffés que les musiciens qui animaient les défilés auxquels j’ai pu assister, j’ai vraiment adoré la dimension justement traditionnelle et ancestrale de cette 1ère partie + rurale de la fête.


1ère partie :

-       Samedi 01/02 : processions de la Vierge dans les rues de Puno en fin d’après-midi, qui passera la nuit à la Cathédrale tandis que les défilés autochtones de danses ancestrale organisés par la Fédération Régionale du Folklore et de la Culture de Puno débutent en // dans la ville (70 ensembles le 1er jour), d’abord dans le Stade Torres Belón puis sur l’Avenida Simon Bolivar, où une foule variée et très populaire suit avec attention les conjuntos qui défilent, assise sur des gradins de fortunes constitués de chaises en plastique.

Le soir, une messe est donnée sur la Plaza de Armas, ainsi qu’un défilé de conjuntos traditionnels, et un magnifique spectacle mêlant feu d’artifices, feu de bengale et pétards est donné sur la place, avant que les ensembles jouent des mélodies entêtantes en dansant avec le public venu les voir. Se transformant, il faut bien l’avouer, en énorme beuverie (essentiellement masculine), à force de picoler du rhum coca à la bouteille en plastique...

-        Dimanche 02/02 : 2ème jour du défilé des conjuntos des danzas autoctonas au même endroit que la veille (70 ensembles). Les rues où va passer la procession de la Vierge sont fermées aux voitures et décorées aux couleurs des différents conjuntos, transformant ainsi le bitume en magnifiques tableaux à base de fleurs fraiches, ou parfois sinon de sciures colorées. Le résultat est splendide et l’ambiance très conviviale !

 

2ème partie :

-        Dimanche 09/02 : concours des danses métisses en « trajes de luces » (costume de lumière littéralement) 

-       Lundi 10 & Mardi 11 /02 : défilé des "trajes de luces"



Côté Pratique :


Nous avions logé à l'Hotel El Buho (Jr. Lambayeque 142 - 144,) , en plein centre-ville, et je vous le recommande car très bien situté et excellent rapport qualité prix (moins de 40 eur la chambre double petit déj inclus avec un très sympathique petit déjeuner bien complet (délicieux fruits, huevos, gateau au quinoa, pain, thé...)


Puno est bien desservi avec le reste du Pérou, soit via autobus (le moyen le + utilisé pour se déplacer dans le pays, le train n'existant tout simplement pas), avec des bus confortables (prenez les sièges "camas' et vous pourrez allonger votre fauteuil à 160-180 degrés selon les compagnies!), soit via l'aéoport de Juliaca situé à une heure de route de Puno (1h de vol Juliaca / Lima et moins de 100 euros bagage inclus via LATAM par exemple)


Pérou oblige, on mange très bien dans la plupart des endroits. A Puno, dégustez les ceviche de trucha (truite), une des spécialités. En terme de restautrants, en dehors de la street food, nous avons apprécié le restaurant La Casona ou encore Mojsa (sur la plaza de Armas)

En tout cas, en un mot : si vous avez l'occasion de vous organiser pour être à Puno début février, ne manquez cette fête et surtout sa 1ère partie des défilés autoctonos sous aucun prétexte!!



 

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